Avec ce livre, au titre qui a tout d'un énoncé manifeste, François Cheng ose de déroutants alliages : l'âpreté et la joie, le silence et la lucidité, la mort et les nuages, les oiseaux et les larmes, l'émoi et les étoiles... C'est qu'à force d'avoir mordu la poussière d'ici-bas les mots n'en finissent plus de renaître. Des âmes errantes ou du phénix, on ne sait qui mène la danse. Mais il suffit de la splendeur d'un soir pour que l'univers entier résonne soudain. Il suffit de la sincérité d'un seul coeur brisé pour que la fulgurante beauté délivre de la fragilité humaine :
Car tout est à revoir,
Tous les rires, tous les pleurs,
Toute la gloire...
Il y a dans ces pages un souffle de vie qui prend à la gorge. Sans doute parce qu'il provient d'une voix sans autre exemple. D'une voix qui éperonne la pensée, avec une acuité foudroyante et douce. La parole de François Cheng est bien celle d'un penseur, d'un poète, d'un sage passionné qui ne craint rien, pas même d'affirmer que "la vraie gloire est ici".
Dandy, poète maudit, reconnu coupable « d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs » en 1857, Baudelaire a consacré sa vie à transfigurer la misère de l'expérience humaine en beauté. Une mission accomplie, à en juger par la postérité des Fleurs du Mal et du Spleen de Paris.
Suivez ce merveilleux alchimiste à travers ses poèmes les pluscélèbres !
Cette édition bilingue des Sonnets de Shakespeare est traduite, présentée et annotée par l'un des plus grands spécialistes de la période élisabéthaine, Robert Ellrodt, auteur notamment de l'édition des poèmes de Keats et de Shelley pour l'Imprimerie nationale.
'Dans l'univers en expansion du Canzoniere, chaque sonnet est un monde. Nul progrès de l'un à l'autre - du même au même -, mais les distances infinies d'un espace sidéral. Ciel de glace et de feu régi par la musique des nombres, le Canzoniere a ses étoiles fixes - scintillante nébuleuse de sonnets - et ses météores : brèves fusées des ballades, "soeurs lumineuses des blancs ruisseaux" de la Canzone, tourbillons clairs-obscurs des sextines, feux dansants du madrigal. Il a aussi ses planètes, brillant d'un éclat emprunté à l'astre de Laure, et ses constellations écrites en lettres d'or dans le ciel des idées.'
Jean-Michel Gardair.
neige sur google maps
Rhodopes traversées 4 jours, brouillard gras à midi
avant, ici, les Montagnes étaient filles de la Terre
ça ne se voit pas
la mythologie n'est qu'une affaire de majuscules
pluie, me repliant va-vite dans le local d'une station-service
à la source de la ville
k-way fluo, gouttes, pièces pour machine, carrelage Tetris,
verres en plastique blanc
je m'allonge sur le sac et je regarde le néon
trouver une grotte et y dormir et coller fatigué front au sol
un sanctuaire que j'aurai découvert dans la forêt, froid,
plutôt que dans le guide vert
je trouverai peut-être un coin où pieuter dans Homère ou Ovide
quelque chose
de ton souvenir
n'est déjà plus le même
entendre
ma voix tu ne l'entendras plus que ne l'as-tu
écrite
et quand je pense à toi il n'y a plus que des mots
perdue
noyée dans le seul mot qui reste
Beaupré
La contraction de la pierre dans la main refermée. La dilatation inverse de la pierre dans le poing tremblant de l'enfant sur le seuil de lui-même, l'abandon inverse de l'enfant. L'ouvert. L'abandon à l'ouvert de l'enfant qui ne voulait pas. Soudain plus grand que son corps l'enfant comme si l'étincelle de sa chair avait pris. L'enfant ne veut pas cela mais il l'accepte, de toutes ses forces il ferme le poing sur le caillou brûlant et il accepte.
Avec ce nouveau recueil, La fierté des bannis, Christian Dumotier poursuit son chemin d'écriture, ancré dans son exploration des marges humaines de nos sociétés insensibles, rendant dignité et grâce aux « gens de peu », convoquant nos consciences par-delà nos accoutumances. On a ainsi pu parler de « poèmes du temps présent ». Puissance des évocations, images surgies de la juxtaposition et du mélange des mots, choc des sonorités, à-plats calculés et fulgurances qui claquent, tableaux précis et perçants traversés par les émotions les plus secrètes, chaque portrait, nourri des ressources d'une langue poétique très personnelle, atteint à l'évidence. « La poésie, insolite, sème ses planètes dans le ciel intérieur de l' homme. » (René Char)
Michel Pinault
« Chants d'octobre est d'une écriture puissante, aux images vives et concrètes... Un rythme d'une grande dynamique, une réflexion profonde et sensible avec de belles inclinations philosophiques, viennent porter témoignage d'événements de révolte et d'espoir. La force de ce témoignage poétique tient en ce que le lecteur est, par la gravité de la langue, impliqué et devient témoin du témoignage. La seconde partie, Les yeux d'Andalousie, révèle toute la braise de sentiments amoureux et rebelles qui n'ont rien abandonné de leur rapport à l'histoire. Un recueil saisissant qui conforte la pertinence du concept d'"engagement" de la poésie dans l'histoire. »
Philippe Tancelin
L'écriture de Matthieu Limosino s'attache à l'intime, l'infime, d'humbles Contemplations comme autant d'instantanés. Henri Meschonnic disait qu'« on n'écrit ni pour plaire ni pour déplaire, mais pour vivre et transformer la vie », Prémices d'un après propose une immersion sensible au coeur du quotidien. Une langue simple, mise à nue, qui invite au voyage vers les terres de l'expérience affective. Ses poèmes semblent faire mentir le précepte selon lequel le bonheur ne serait pas source d'inspiration. « Cette envie d'écrire alors que tout va bien » comme le note François de Cornière dans l'un de ses poèmes. Écrire. Garder trace. Témoignage d'un moment que la mémoire déjà estompe. Journal de sensations que seuls les corps conservent, et qui se laissent conter du bout des doigts, menant le lecteur dans un espace inconnu, et pourtant si familier.
Cent poèmes avant l'aube se compose de quatre pièces poétiques longues, « La nuit j'ai peur », « Le chant des belles-de-nuit » et « De pétales et d'épines » qui succèdent la section éponyme « Cent poèmes avant l'aube ». Dans la deuxième section, le sujet lyrique met en scène son geste littéraire, ses craintes et ses doutes. La troisième section emprunte son nom à celui d'une fleur élégante. La quatrième et dernière section reprend l'image rhétorique végétale qui associe les bonheurs de la vie aux pétales d'une rose, et les malheurs aux épines. Après la prose poétique viennent des poèmes plus brefs, en vers libres, qui, bien qu'ils évoquent un certain marasme, laissent espérer un lendemain qui chante.
Omar Emilio Sposito pratique un humour aussi subtilement que simplement roboratif. Un humour d'expatrié-intégré qui se moque du Cocorico d'un petit coq au vin fraîchement naturalisé. Un humour-en-amours souvent contrariées : il y en a / un qui en a et l'autre / quinoa. Un humour sensible aux violences du réel et à ses incertitudes quand on ne sait comment distinguer les saluts-bonjours des appels au secours. Et toujours un humour-en-mots qui ravive avec à-propos le sens d'expressions toutes faites : « Ce n'est pas ma tasse de thé», «Vous ne croyez pas si bien dire», «chercher midi à quatorze heures». Des bonheurs d'expression malgré tout, malgré les rendez-vous manqués. Une écriture d'une sobre et vive élégance.
Christian Cavaillé
Il n'y a pas de poésie hors sol. « Ici » désigne le lieu, le monde, d'où le poème, à lui lié, parle. Où le proche et le lointain, l'en-dehors et l'en-dedans s'entrelacent, s'entre-choquent, se répondent. Plongé dans le courant d'un temps venu de loin, pris dans la toile d'une époque en surchauffe et en désarroi, le poème tente, au plus fort de l'éloignement du Sens, d'en recueillir des échos, quelques miettes d'horizon ...
« Bien sûr, je ne parle pas physiquement
Cela va sans dire, vous l'aurez compris,
Que ce monde dont je vous prône le récit
Est celui que nous souhaitons plus aimant. »
Dans Univers de rimes, entre cri, larme, peine et résilience, vous trouverez peut-être une partie de votre histoire...
À PROPOS DE L'AUTEURE
Éloïse Février matérialise ses doutes, ses peines, ses rêves et ses idées à coups de plume. Elle partage ses émotions dans Univers de rimes.
Prenez un peu de la rugosité des montagnes, leurs lacs sauvages, le froid hivernal, leurs hommes rudes et solides. Ils ont connu les guerres et la disette. Zone libre, zone occupée, ils ne savaient plus très bien... et résistaient. Sous leur air sombre, leurs certitudes, leur air parfois buté se cachait souvent un coeur d'or. Rajoutez le soleil des îles, la gaieté des danses colorées, et l'insouciance du lendemain, la mer bienfaisante et nourrissante, la vie et les chants plus forts que l'esclavage et les regards méprisants. Ces mélanges subtils et puissants ont façonné le coeur de Rachel et lui ont donné en héritage le don de synesthésie. Synesthésie ? Lorsque tous nos sens se répondent et se fondent pour rentrer en effervescence, souffrances et émois sont démultipliés et entrent en harmonie. Baudelaire, dans son poème : « correspondances », décrit comment :
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
« L'amour qui meut le ciel et les étoiles ». Cette phrase, la dernière de la Divine Comédie, a inspiré ces textes qui sont un hommage à l'amour. Soif d'amour, amour platonique, amour smartphone, amour transhumain. C'est l'amour du père (malgré tout), l'amour des enfants, l'amour de l'exilé pour son pays, l'amour de la terre qui nous a vus naître. L'amour du couple (éclat du verre et fragilité), un trésor sur lequel il faut veiller avec la question sans réponse de savoir si l'amour est un acte unilatéral comme l'amour de Dante pour Béatrice.
Ce recueil raconte une histoire. Une histoire d'éclats de vie. Celle d'un homme au coeur d'un pays imaginé, le Nord'Ici. Des lieux, des évènements, des rencontres, se bousculent à même ses souvenirs, ses réflexions. On y scrute l'existence de ce pays accolé au pergélisol, immense d'espace, qui se conjugue au mouvement d'un fleuve et de ses saisons, de l'aube au crépuscule.
Sur le modèle d'un triptyque s'articulent trois volets dans lesquels sont adossés des séquences de vie, des instantanés de cette nature sauvage et envoutante, des échos de l'aujourd'hui de ce pays.
Gertrud Kolmar (1894-1943), Juive berlinoise assassinée à Auschwitz, exprime dans des poèmes d'une rare intensité sa révolte contre la civilisation patriarcale, l'asservissement des femmes et la démonisation de la sexualité féminine, contre la dictature nazie et son racisme meurtrier, et contre l'antisémitisme millénaire. Dans ce choix de 45 poèmes écrits de 1927 à 1937, sauvés de la censure et de la destruction, la traductrice met en évidence à la fois la souffrance de Gertrud Kolmar en tant que femme et Juive dans une société guerrière et mortifère, et sa résilience, qui font de son oeuvre un témoignage humain, poétique et historique poignant, et d'une extrême modernité.
«J'écris avec l'ultime lumière présente. Ce n'est pas simple. Sa rêche rumeur escalade les murs, fait décroitre la lune et les miroirs. J'ai toujours eu peur de la nuit double, de sa mer d'ombres; de la poigne qui serre la gorge... J'écris pour donner une forme à la mort, mais aussi aux oiseaux qui traversent le ciel en lentes migrations.» Dans la mythologie grecque, une catábasis était, le plus souvent, une descente aux enfers. Le recueil de proses poétiques de Lucía Estrada, qui porte ce titre, est une exploration des mondes souterrains de l'être jusqu'aux confins du langage, un creusement vertigineux des mots et des rythmes, une expérience poétique vitale.
Dans ce recueil de poésie parfumé de lyrisme, l'auteure chante l'amour dans ces différentes facettes et tente de dompter les mots pour dénoncer les maux qui, de toute évidence, souillent son environnement social et les sociétés mondialisées.
D'un poème à un autre, se dessine incontestablement un itinéraire enchevêtré d'images et d'émotions poignantes, d'où s'élève, sans scrupule, l'horreur née de l'animosité des hommes. C'est l'itinéraire d'une vie héroïque face à l'absence de l'amour véritable des parents, de l'épouse, des enfants, des voisins, des camarades ; rejeté de la société.
L'oeuvre de Sarah Kirsch (1935-2013), longtemps cantonnée aux seuls recueils de poèmes, mérite aujourd'hui qu'on donne de toutes ses facettes un aperçu aussi complet que possible. Cette étude se propose donc d'analyser l'oeuvre de Sarah Kirsch sous l'angle du kaléidoscope, utilisé comme outil d'analyse et comme principe méthodologique, en favorisant les approches intertextuelles et interculturelles : il s'agit de tisser un canevas autour d'un certain nombre de motifs inhérents au recueil Allerlei-Rauh (1988) - placé au centre de l'étude - et applicables à la totalité de l'oeuvre. Se profile donc derrière les poèmes une oeuvre ouverte qui, des voyages aux haïkus, en passant par le souci écologique, revisite écriture autobiographique et engagement politique.
Déserts noirs s'ouvre sur un ensemble de poèmes qui évoquent, comme autant de miroirs brisés, le délitement des rapports humains causé par une nouvelle réalité pandémique.
Se dessine dans une atmosphère nocturne une palette de détresses solitaires et confinées. Des êtres silencieux, jeunes ou vieux, se font l'écho d'un vide anxiogène. L'écriture voyageuse revêt une dimension salvatrice, délivre l'image oppressée, la rend autre en elle-même, comme ces déserts noirs recouverts de sable blanc.
Avec ce recueil, j'ai voulu revenir sur mes pas jusqu'à l'origine de ce besoin de marcher qui n'a cessé de me mettre en mouvement. J'assume ainsi l'héritage que m'a transmis ma mère : cette impulsion et cette énergie me viennent d'elle mais il m'a fallu creuser l'empreinte de mes propres pas. C'est aussi une tentative de traverser le temps qui a été celui de ma génération : un long temps de paix ponctué de récits de guerre. Marchant, je déambule dans le confort de murs droits et intacts, archéologue en quête de ruines, de vestiges tombés en poussière dans un fracas dont l'écho nous est désormais à peine audible.