Fuyant la guerre civile, une mère libanaise s'installe à Paris avec ses trois enfants. Commence alors pour la famille une parenthèse absurde, rongée par la peur des dégâts irrémédiables de la guerre et alanguie par l'attente d'un père.
3 femmes, un homme, un enfant / 2 h 15
Trois sorcières ont prédit à Macbeth qu'il deviendrait roi d'Écosse. Pour que son destin se réalise, il assassine le souverain en place ; mais parce qu'il a tué, il devra tuer encore et les morts ne le laisseront pas en paix. Sa femme, lady Macbeth, qui a armé son bras, paiera de sa raison son ambition monstrueuse. Récit tragique de la soif du pouvoir et de la folie des hommes, Macbeth, créée pour la première fois en 1606, est « la vision la plus mûre et la plus profonde du Mal chez Shakespeare ». « La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien. » Traduction de François-Victor Hugo
Maria Casarès, André Gide, Jeanne Laurent, André Malraux, Gérard Philipe, Pablo Picasso, Jean-Paul Sartre et bien d'autres forment la constellation artistique et intellectuelle qui gravite autour de l'une des figures essentielles du théâtre moderne, Jean Vilar.
Metteur en scène, comédien, directeur du Théâtre national populaire de 1951 à 1963, fondateur du Festival d'Avignon, Jean Vilar a oeuvré toute sa carrière à rendre accessible au plus grand nombre un théâtre de qualité. Exigeant et engagé, nourri des valeurs de la décentralisation théâtrale et du théâtre populaire, il a également défendu, avec acharnement, les auteurs dramatiques de son temps.
Les deux cent soixante lettres qui composent cette correspondance dévoilent les différents visages d'un Vilar méconnu, parfois rêveur, souvent solitaire, séducteur mais aussi autoritaire, par-dessus tout homme de théâtre et écrivain.
"Sachez que je vous admire, parce que vous avez magnifiquement réussi l'impossible, et que vous le faites chaque jour. Ce ne sont pas des paroles de politesse mais d'amitié réfléchie." Marcel Pagnol à Jean Vilar
" Je sais que tu n'es pas pire que les autres, mais je te croyais meilleur parce que, pour moi, tu n'étais pas un homme, tu étais mon Père. " Arthur Miller.
Une banlieue américaine, un mois d'août de l'après-guerre. Joe Keller, grâce à son usine d'armement, affiche une réussite sociale emblématique du " rêve américain ". Mais son fils Tom, pilote, est porté disparu. Et Kate, sa mère, attend son retour. Quand leur second fils, Chris, décide d'épouser Anne, la fiancée de Tom, tout bascule, et la triste vérité éclate enfin : la réussite de Joe Keller est fondée sur un crime. Reflet du climat social et économique de l'après-guerre, Ils étaient tous mes fils possède déjà tous les ingrédients qui feront la réussite des pièces ultérieures d'Arthur Miller. Derrière la banalité quotidienne d'une famille américaine typique, le dramaturge nous fait entrevoir la tragédie.
Deux pièces, drôles et cyniques, mettant en scène l'auteur de théâtre dans tous ses états.
Dans "Tachkent", un auteur de théâtre ne parle plus que pour dire du mal des metteurs en scène qui ont monté ses pièces. Une actrice qu'il a aimée, un acteur idolâtre et une maîtresse opportuniste essaient de le ramener à la réalité. Mais sont-ils bien réels eux-mêmes ?
Dans "Comment j'ai écrit la pièce", Rémi De Vos se met en scène pour la première fois et se montre en plein processus d'écriture, révélant ainsi ses obsessions, ses craintes, ses doutes et les rouages de la création.
Dans cette adaptation de la nouvelle fantastique «Le Moine noir» d'Anton Tchekhov, Kirill Serebrennikov s'interroge sur le désir humain et irrépressible de liberté, sur l'art, le génie et l'autodestruction à laquelle ces tentations peuvent mener.
Une ambiance de fête règne à la cour de François Ier. Le roi s'encanaille : il boit et rit des railleries de son bouffon Triboulet, qui l'incite à la débauche. Tous ignorent que l'amuseur bossu a une fille, Blanche, un joyau qu'il chérit et tient précieusement éloigné des frasques des courtisans.
Mais la vigilance d'un père ne saurait empêcher une malédiction de se réaliser et le roi de convoiter la belle Blanche...
Jalousies, complots et vengeances composent ce drame écrit en 1832, au coeur de la bataille romantique.
L'édition :
o Parcours de lecture
o Groupement de textes : les résonances dramatiques de la pièce (Dom Juan, Phèdre, Lucrèce Borgia)
o Du texte à la représentation : mise en scène de Jean-Luc Boutté à la Comédie-Française, 1991
o La réception de la pièce (EMI)
Anissa, 25 ans, décide de retrouver la trace d'un père qu'elle n'a jamais connu. «Au non du père» interroge ce qui fait lien entre un parent (biologique et d'éducation) et son enfant et comment cela oriente un parcours de vie.
Étranges prisonniers réunis par Genet dans la cellule d'un quartier de haute sécurité ! Loin de souhaiter échapper à leur condition, ils constituent à eux trois un petit monde clos dont ils exagèrent l'enfermement. Yeux-Verts, le seul assassin du groupe, est un pôle attractif pour les deux autres : ils n'aspirent qu'à l'honneur de l'imiter, sinon de le rejoindre dans le ciel héroïque du crime et de la mort pour lequel la prison se révèle le meilleur tremplin.
Prison et enfermement métaphysiques donc. Yeux-Verts, le plus avancé sur la voie du détachement, fuit dans une sorte de rêve de gloire ; les deux autres s'entre-déchirent pour avoir les meilleures chances d'accéder à une existence vraie en captant à leur profit le reflet de celui qui appartient déjà à l'autre monde. Ce désir luciférien de néantisation salvatrice ne peut aboutir qu'à l'échec. Qui s'en étonnerait ?
Dans ce drame, Claudel a peint l'effondrement de la société traditionnelle issue de la monarchie. Deux aristocrates, un homme et une femme, qui ont survécu aux massacres de la Terreur, tentent, au péril de leur vie, de leur amour et de leur honneur, de sauver le Pape : ce dernier a été enlevé de la prison où l'avait relégué l'Empereur et caché dans leur domaine. Mais un préfet de l'Empire a éventé sa présence et se livre à un odieux chantage. La violence des sentiments et des situations confère un pouvoir dramatique intense à ce conflit des intérêts et des passions qui s'élève entre une aristocratie déchue et un pouvoir sujet aux variations de l'Histoire. "Comment ai-je pu être aussi cruel ?" s'interrogeait l'auteur de ce premier volet d'une 'saga' où sont évoqués à grands traits, par-delà les destinées individuelles, les déchirements et les bouleversements de la société française au XIVe siècle, préfigurant l'avènement des temps modernes.
L'enfance et la violence faite aux jeunes femmes sont ici présentées avec une tristesse infinie, à travers un enchaînement de récits dramatiques qui forment une mystérieuse mosaïque.
Ainsi, plusieurs formes d'agression ont lieu simultanément à différents endroits de la planète. À Pattaya, des milliers de visiteurs, surtout des hommes solitaires, marchent égarés au milieu de la foule. Alex est l'un d'eux. Il ne cherche aucune compagnie hormis celle de Roly, son chien. À quelques kilomètres, une petite fille vêtue d'une robe bleue est assise à côté d'un touriste, sur un quai. Loin de Bangkok, un groupe d'amis célèbre un enterrement de jeune fille où le vrai jeu est celui des attouchements. À la même heure, en Inde, une mère jette le foetus de son enfant dans un fleuve. Pendant ce temps, à Madrid, un policier enquête sur le suicide d'une adolescente. Énigmes qui restent à résoudre dans ce clair-obscur, et que la prouesse dramatique nous présente sous la forme d'un carrousel.
Un homme d'aujourd'hui, espagnol, décide d'entreprendre le voyage qu'il n'a jamais osé faire. Il part en quête de son identité dont il ne reste aucune trace visible depuis sa naissance à la fin des années 1970. Sa biographie se confond avec celle de son pays, en un palimpseste tumultueux. CINÉ est le récit de ce voyage qui progressivement, nous révèle les origines cachées d'une vie et, par là même, moult secrets qui oscillent entre tabous intimes et engagement politique.
Pour La Tristura, le théâtre est un lieu propice au dévoilement, à l'incursion dans les limbes de la mémoire, un lieu où des coulées s'entrouvrent au coeur du récit, métamorphosé ici en un texte sur les enfants volés durant l'époque franquiste. C'est le lieu d'un paradoxe inextricable.
D'après les auteurs, différentes associations et travailleurs sociaux estiment que le nombre d'enfants volés en Espagne atteint les 300 000 entre 1939 et jusqu'aux années 1980.
Les séquences, parfois elliptiques, se succèdent et construisent une mosaïque composée de voix et de guerres autant réelles qu'inventées. Le théâtre accomplit alors sa fonction tragique, celle de mettre en relation la destinée individuelle avec celle, plus collective, d'un ordre fondé sur des valeurs politiques qui nous échappent.
Un repas d'oiseaux est un chant dramatique, une écriture lyrique qui parle du temps : un temps pour naître, un temps pour mourir, un temps pour les mots, un temps pour les choses, un temps qui est à d'autres, un temps qui est le nôtre. Cette écriture nous dit que nous sommes aussi seuls qu'accompagnés, des hommes et des animaux pris dans la danse de l'abondance et de la faim.
Les corps laissent des corps est un texte atypique qui nous fait partager le temps et le lieu d'une maison de retraite dans notre société actuelle, et par là-même nous fait état de notre rapport à la mort, à nos aïeux.
L'Obéissance de la femme du berger est un triptyque sur la soumission, des femmes envers les hommes mais aussi des hommes en général, à travers trois monologues féminins pris dans le prisme d'un pornographe. La Femme d'un berger qui va bientôt mourir, la Femme abandonnée, seule dans un asile, et un Bébé, incarnent trois générations d'une même famille qui coexistent dans un même lieu : une maison de campagne. Cette maison est celle de la violence extrême que le texte nous dévoile comme le territoire de tous les traumatismes liés à une logique patriarcale.
L'Araignée du cerveau est l'histoire d'une jeune fille qui s'invente un frère, tue ses parents et va en prison. Puis qui revient, croit-elle, chez elle après sept années. Elle va puiser dans un imaginaire polymorphe les éléments nécessaires pour supporter le souvenir d'une enfance étouffée, privée de sa substance, de joie et d'amour.
Ce récit du retour au foyer familial est d'autant plus troublant que les scènes se répètent comme des variations souffrant quelques altérations : un tremblement permanent. Il se construit entre le souvenir d'un passé incertain, un présent instable, à travers des personnages qui tournent comme les aiguilles d'une montre dans un espace clos. Dans une savante mise en abîme, les espaces se réduisent progressivement jusqu'à ce que nous découvrions que tout ce qui a été joué n'est qu'un ensemble de voix et d'images qui se tissent dans le cerveau de la jeune fille, prisonnière d'une famille absente. De fait, il n'est pas toujours facile de différencier ce qui est réel de ce qui a été inventé. Que se passe-t-il quand les émotions de l'enfance nous ont été volées, quand l'on nous dérobe le bien le plus précieux de la vie, celui d'inventer notre propre langage ?
La Maison brûle s'appuie sur les motifs dramatiques de la célèbre pièce de Lorca pour faire du foyer familial un espace micro-fasciste clos sur lui-même. Bernarda, c'est la Mère nourricière qui empêche le désir, qui castre les vivants.
Plus qu'une interprétation de la fable, ce texte propose un accès à des matériaux politiques et esthétiques dans le but de nous dévoiler les arcanes de notre société. C'est une réflexion poétique sur la domination, et dont la langue constitue la structure première.
Les éléments dramatiques du poète andalou se voient confrontés à des produits pharmaceutiques, à des mythes grecs, aux textes de Claude Lévi-Strauss, à Fantaisies masculines du sociologue Klaus Theweleit, ou encore à L'Invention de l'hystérie de Georges Didi-Huberman. En outre, sa dramaturgie met en oeuvre l'univers visuel et textuel de l'artiste new-yorkais Henry Darger, la musique de Gustav Mahler ou le film américain Little Miss Perfect. Ces matériaux forment un dispositif dramaturgique qui permet de mettre en exergue - d'un point de vue dramatique - l'oppression du monde modélisé par le langage et le discours, la fiction y demeurant une interrogation.
Fidèle à son style d'écriture franc, Emilio García Wehbi compose un nouveau paysage de l'oeuvre, un topos, qui selon lui définit le théâtre. Ainsi, les lecteurs doivent s'orienter par eux-mêmes car la notion d'origine, textuelle ou mythique, y est constamment déplacée par le truchement post-dramatique d'un dispositif à la frontière de l'art contemporain et du théâtre : seuls le regard et l'écoute du public seront en mesure de l'évaluer.
Je ne me souviens toujours pas de son visage parle de notre attachement à la terre et à sa mémoire, de l'expropriation à l'expulsion. Sous forme de conte dramatique et d'hyperbole, la violence y est sans commune mesure, nous donnant à voir la dévastation du territoire mexicain. Jamais frontale, toujours avec délicatesse, l'oeuvre construit elle-même ses images bien qu'elle s'appuie sur un fait avéré, celui des villages dits magiques, pour composer un tableau autonome de son origine. Les personnages, abandonnés au milieu d'une guerre invisible sont victimes des narcotrafiquants. Les complices, eux, sont flous, moins tangibles.
La routine du village de Mier est brisée lorsqu'une tête apparaît, littéralement, au bord d'une route, à titre d'avertissement. Elle parle, mais ne se souvient plus de son âge. Elle est là depuis toujours dit-elle, cette tête. Elle est une preuve du crime organisé, et devient la protagoniste de ce drame de facture surréaliste qui rompt tous les codes de la vraisemblance pour nous mener dans un espace imaginaire où dignité et solitude vont main dans la main.
Lara reprend le dispositif dramaturgique d'une oeuvre parlante, tout comme le programme gouvernemental « Magical town » destiné à stimuler le tourisme dans certaines villes.
Le Sol qui porte Hande est le récit dramatique de l'assassinat et de la disparition de Hande Kader en 2016, activiste transgenre turque, remarquée lors de la Marche des Fiertés à Istanbul l'année précédente. La dramaturgie de ce texte tente de retracer sa vie, de sa naissance à sa disparition.
Cette quête fragmentée qui prend la forme d'un texte-paysage, d'un individu, de son corps, de sa famille, de son identité, est construite par une fable bigarrée de césures - de pages manquantes. Le lecteur spectateur citoyen doit irrémédiablement faire appel à son interprétation, à sa capacité d'imaginer, pour en trouver un fil conducteur. Le théâtre devient une déambulation où l'écriture cherche à comprendre pourquoi et comment il est aujourd'hui possible qu'une société contienne tant de haine, de détresse et de violence. Ainsi, l'auteur démantèle la forme tragique classique, en intégrant le choeur au plateau des acteurs. Par un procédé d'inversion, la collectivité agit elle-même sur le récit devenu fiction.
Par là même, ce texte interroge le statut et la valeur de la parole, celle qui commente la réalité pour la rendre soit plus intelligible, soit plus opaque. C'est donc l'origine même qui est en question, celle de l'autorité des uns sur les autres, du théâtre sur soi, et de soi sur le système démocratique d'aujourd'hui.
Pendant l'Ancien Régime, à l'orée de la Révolution, Aurore et Siméon, deux êtres opposés au premier abord. Aurore est généreuse et positive. Luttant contre l'oppression, elle se bat pour les autres et rêve d'un monde plus juste. Siméon est taciturne. Il fuit son passé et ne croit plus en rien. S'il avait juré de ne pas reprendre les armes, Aurore l'y incitera de ses larmes... L'un pense que l'amour n'existe plus ; l'autre pense qu'il n'existe pas. Envahis par cette nouvelle sensation qui les bouleverse, ils tentent de taire ce sentiment qui fait pourtant bouger le monde : l'Amour !
BnF collection ebooks - "CECILE : Mon oncle, qu'avez-vous ? Vous me paraissez inquiet. LE COMMANDEUR, en s'agitant dans son fauteuil. Ce n'est rien, ma nièce. Ce n'est rien.(Les bougies sont sur le point de finir : et le Commandeur dit à Germeuil :) Monsieur, voudriez-vous bien sonner ?(Germeuil va sonner. Le Commandeur saisit ce moment pour déplacer son fauteuil et le tourner en face du trictrac."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Des rêveuses conte l'histoire universelle de la guerre à travers des figures de migrants, de leurs voyages intérieurs et géographiques. Deux couples s'y croisent, l'un cherchant à franchir la Méditerranée, l'autre le río Grande. Deux jeunes femmes y voient leurs rêves et parfois leurs cauchemars s'incarner, leurs espoirs se rencontrer. Lire Des rêveuses, c'est faire revivre en soi le théâtre très ancien et très jeune d'une identité partagée. L'identité, entendue comme substance mouvante, labile et instable, court dans le sang des personnages et des figures qui construisent cette fable dramatique : un Syrien n'est pas seulement un Syrien essayant d'échapper à la guerre, c'est la Syrie dans son ensemble, le monde musulman tout entier sur ses épaules, ce sont Sinbad et le Coran. Une femme du Michoacán somnole dans un train vers l'incertitude du Nord mais porte en elle la semence d'une nation future, une enfance nouvelle. Elle regarde, et par là même nous montre la terre de son nouveau pays avec des yeux anciens, mythiques. Cette fable qui oscille entre onirisme et politique nous rappelle que nous sommes là où nous sommes parce qu'un jour, quelqu'un y a migré en traversant les frontières, réelles et symboliques, de ses propres rêves et de ceux des autres.
Quatre personnages solitaires orchestrent un fait divers plutôt sordide : une urne funéraire, contenant les cendres d'un père, laissée un moment sur le trottoir par la famille, disparaît. Le voleur, qui pensait s'emparer d'un vase de valeur, s'en débarrasse en la jetant dans une benne à vêtements. Un agent d'entretien de l'entreprise de collecte, chargé de s'en défaire, croit bien faire en dispersant les cendres du haut de son immeuble, pour offrir « une fin digne » au défunt. La famille en émoi recherche l'urne et placarde des affichettes. Le voleur et l'agent d'entretien finissent par lui remettre, chacun de leur côté, de « fausses » cendres, qui seront mêlées, puis dispersées, comme prévu, dans un vaste champ couvert de neige, horizon de tous les possibles, du renouvellement, de la continuité. Ce voyage inattendu fait affleurer à la surface les conflits familiaux, les attachements, la douleur silencieuse et l'atavisme qui nous façonnent. Ces minuscules vies sont ballottées par de petits échecs quotidiens, toujours en fuite sans savoir vraiment vers où ni pourquoi. « Sommes-nous autre chose que des cendres ? », se demande l'un d'eux - mais ils entendent désormais tenir debout, prendre le risque d'exister.
La Face B de la matière est un texte sur l'anarchie sous forme de documentaire scénique, où la rhétorique n'est qu'une métaphore de l'échec. L'anarchie comme politique et comme caprice de la matière dans le corps, l'anarchie du premier acteur de tous les temps : Lucifer.
C'est un récit de la dévoration des êtres entre eux et aussi de leur formidable capacité à détruire toutes les espèces vivantes. C'est une fable sur la vengeance de tout ce que les humains tuent pour qu'existent l'imagination et la fiction.Il y est question d'une meurtrière à qui l'on transplante le coeur d'un ours polaire et qui part faire un road trip d'hôtel en hôtel, composant ainsi un opéra à l'intrigue simple et classique : un requin tombe amoureux d'une requine qui le repousse. Le requin lui apporte alors un petit bouquet de touristes ensanglantés en provenance d'une plage et chante tragiquement son amour. Enfin, c'est un récit sur ce que nous engloutissons et ce que nous recrachons, de la matière et des mots, pour combler le néant qui nous forme. La salle de théâtre où se joue la pièce devient alors l'un des protagonistes, un vide ancestral que les femmes et les hommes essaient sans cesse d'emplir.
DECHOUKAJ 2020 an laposésion ek 4 estasion a la grande originalité de mêler à la fois deux genres littéraires. On peut, par les appels des « cric » et des « crac » qui nous éveillent, penser de prime abord qu'il s'agit d'un conte, mais en poursuivant sa lecture, on se sent vite happés cette fois par l'éloquence théâtrale (...) Notre société est dépeinte dans sa plus large composante, avec ses tics et ses tocs, et ses incommensurables désirs de lendemains à toujours refaire à l'identique, par peur des changements qui nous e raient terriblement. (...)
Extrait de la préface de Térèz Léotin